International Philosophy Colloquia Evian
20th Colloquium 2014 - Evian, 13-19 juillet 2014

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Colloque 2002: Que signifie "la pratique" (l'usage): constitution ou subversion ?

20th Colloquium 2014


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Thème / Programme

La philosophie n'est pas soupçonnée d'être très portée sur la pratique. Pour la philosophie, la pratique vaut généralement comme l'espace, théoriquement déterminé, où les philosophes se mettent en état de théoriser. Malgré ces relations apparemment claires, des philosophies ont commencé depuis environ 150 ans à s'intéresser de plus en plus à la pratique. De cet intérêt qui s'est fait jour, l'hégélianisme de gauche, dont le dénominateur commun est exprimé par le slogan du marxisme vulgaire "l'être détermine la conscience", constitue le premier témoin. Le déplacement des pôles d'intérêt philosophiques est encore plus net dans le cas du "pragmatisme", qui s'est développé au seuil du 20ème siècle.

Aujourd'hui, assigner à la pratique un rôle plus important qu'autrefois est devenu un lieu commun philosophique. Mais ce lieu commun ne dit pas encore quelle doit être la nature de ce rôle. Dans les dernières décennies s'est dessinée une alternative, que l'on pourrait décrire à gros traits par les concepts de "constitution" et de "subversion".

La première branche de l'alternative renvoie surtout au pragmatisme et au nom de Wittgenstein (et aussi Sellars). De façon ramassée, on peut lui attribuer les positions suivantes : elle part du principe que le champ de la pratique est par excellence le champ où se développent toutes les relations constituant les êtres vivants qui parlent et qui pensent. Selon le pragmatisme, on peut dire que toutes les différences et déterminations qui orientent la conduite de ces êtres vivants reposent sur la pratique. Pour Wittgenstein, cette approche doit être encore radicalisée : la pratique constituerait des règles et des normes et aussi les forces normatives qui mettent en jeu les règles comme autant de grandeurs que nous devons suivre. Les règles, les modèles et les ordres sont tous basés sur des formes d'usage au sein desquelles, comme dit Wittgenstein, ils apparaissent "aveuglément".

La deuxième branche de l'alternative peut être reliée à des aspects de la philosophie de Foucault, de Derrida et de Butler. On peut la schématiser de la manière suivante : elle conçoit la pratique comme le champ dans lequel des structures (intersubjectives) connaissent une perturbation, dans lequel un ordre est dérangé. Le point de départ de ces réflexions est une compréhension structurale des discours. Elle implique qu'il est impossible d'infiltrer le discours de l'intérieur. Le discours est fermé sur lui-même et s'assimile tout ce qui tente, sur le mode discursif, de s'opposer à lui. Mais la pratique ouvre un espace à de possibles subversions. La pratique est ainsi comprise comme quelque chose sur quoi le discours n'a pas ou n'a que peu de prise, et qui peut donc s'opposer au discours. La pratique vaut comme un lieu d'infiltration, de déplacement, de forclusion.

A la lumière de ces positions concurrentes, nous invitons à méditer sur la signification philosophique du concept de pratique. Est-elle constitution ou subversion ? Les deux points de vue que nous avons esquissés se peuvent-ils concilier ? Puisque l'alternative s'est aussi affirmée dans des traditions diverses, ces questions relèveraient-elles de la politique de la théorie, de la confrontation entre une philosophie "herméneutique-de-gauche-francophone" et une philosophie "herméneutique-de-droite-anglo-américaine"? Dans la perspective d'auteurs de style francophone, la réflexion sur la "constitution" peut apparaître comme une tentative de débarrasser le concept de pratique de sa face rebelle. Dans la perspective d'auteurs de style anglo-américain, on peut en revanche se demander si les discours ne se fondent pas sur la pratique, s'ils ne sont pas -sans raison aucune- supposés comme donnés d'avance. Ces reproches croisés sont-ils justifiés ? Leur enjeu est-il une question de politique de la théorie? Ou ont-ils, comme le soupçonnent les francophones, une racine purement politique ?

La pratique, même si elle a gagné ses titres de noblesse, place toujours la philosophie dans l'embarras. On le voit par exemple quand on considère la terminologie. Quel est le mot juste : est-ce "la pratique", "l'usage", ou même "l'agir" ? Pour cette raison, le titre du colloque juxtapose deux notions comme une alternative. C'est aussi une façon d'inviter à la recherche du concept adéquat. Sur la base d'une clarification linguistique, il est peut-être possible de préciser les termes du débat et finalement de déterminer quelle signification philosophique revient au concept qui se sera révélé le plus pertinent.


Programme

MONDAY, July, 15th
matin
Danic Parenteau (Paris): "Le rôle de la 'pratique' chez Hegel"
Andreas Niederberger
(Frankfurt/Main): "Ontologie als Praxis oder Praxis statt Ontologie? Einige Bemerkungen zum Verhältnis von Praxisphilosophie und 'praktisch-pragmatischer' Wende der Philosophie"


après-midi
Jo-Jo Koo (Montreal): "Practice and Sociality"
Emmanuel Stéphane Prokob (Paris): "Eine Pflicht zu lügen? Die Subversion als konstituierendes Element einer gerechten Ordnung bei Benjamin Constant: eine Antwort auf den Hiatus zwischen Theorie und Praxis bei Immanuel Kant"

TUESDAY, July, 16th
matin
Clélia Aparecida Martins (São Paulo): "Zur Veräußerung"
Slobodanka Vladiv-Glover (Melbourne): "Pierre Bourdieu's habitus as Praxis or Interpretation: A Critique in the Context of C. S. Peirce's belief as habit"

après-midi: Workshops
(1) Michael Groneberg (Fribourg): "The missing link: zwischen Semantik und Politik"
(2) Alice Lagaay (Berlin): "Stimme/Stimmlichkeit"
(3) Christian Doude van Troostvijk (Luxemburg/Amsterdam): Immanuel Kant: "Über den Gemeinspruch : Das mag in der Theorie richtig sein, taugt aber nicht für die Praxis"

WEDNESDAY, July, 17th
matin
Katrin Nolte (Berlin): "Urteilsvermögen und -Gebrauch"
Konstanze Baron (Paris): "Sprache als Praxis bei Sartre und Derrida"
Georg W. Bertram (Gießen): "Praktiken als Basis der Sprache und des Geistes"

après-midi
Oliver C. Speck (Wilmington, NC): "The Practice of Overcoming Metaphysics: Constitution et Subversion"
Margret Ozierski (Durham, NC): "Subverting Nihilism: The Practice of Maurice Blanchot"

THURSDAY, July, 18th
matin
David Lauer (Berlin): "Pragmatics corporealized. Zu Robert Brandoms Begriff sprachlicher Praxis"
Christophe Laudou (Madrid): "Où sont passés les déictiques de l'action ?"
Simone Mahrenholz (Berlin): "Komponieren zwischen Körperlichkeit, Materialität und Sprache. Das philoso-phische Problem von Sinn-Subversion und Sinn-Konstitution am Beispiel des Musikdenkens Wolfgang Rihms"

FRIDAY, July, 19th
matin
Werner Kogge (Berlin): "Der Witz der Praxis: Das Zusammenspiel von Subversion und Konvention"
Christian Lavagno (Bremen): "Intellektuelle Praxis"

après-midi: discussion terminale

 

Organisation: Georg W. Bertram (Berlin), Robin Celikates (Amsterdam), David Lauer (Berlin). In cooperation with: Alessandro Bertinetto (Udine), Karen Feldman (Berkeley), Jo-Jo Koo (Dickinson), Christophe Laudou (Madrid), Claire Pagès (Paris), Diane Perpich (Clemson), Hans Bernhard Schmid (Wien), Contact: evian@philosophie.fu-berlin.de