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Hélène Perdicoyianni-Paléologou (Boston)



Gabriel Bergounioux & Charles de Lamberterie (2006): Meillet aujourd'hui. Avec la collaboration de Jack Feuillet, Anne-Marguerite Fryba-Reber, Daniel Petit, Georges-Jean Pinault, Pierre Swiggers & Stefan Zimmer. Louvain & Paris: Peeters. (= Collection linguistique de la Société de Linguistique de Paris, 89)



Ce volume recueille les actes du colloque consacré à «Antoine Meillet», qui s'est tenu le 21 octobre 2000 en l'abbaye de Noirlac, près de Châteaumeillant. Les actes s'inscrivent dans une double perspective, qui vise, d'une part, à situer Meillet en son temps et, d'autre part, à restituer la profondeur et la richesse de son œuvre. Chaque perspective représente une partie entière de l'ouvrage.

La première partie étudie la situation de Meillet dans son époque qui se fait au moyen de la publication de ses cahiers relatant son voyage en Arménie et au Caucase (1903) ainsi que de son journal personnel (1896–1907), édités et présentés par Anne-Marguerite Fryba-Reber et Gabriel Bergounioux.

La seconde partie est consacrée au rapport des recherches de Meillet avec l'état actuel des connaissances dans le domaine de la grammaire comparée des langues indo-européennes.

Gabriel Bergounioux («Entre épistémologie de la grammaire, comparée et figure de l'intellectuel: la situation d'Antoine Meillet», p. 109–135) cherche à mettre en valeur la dimension socio-historique du journal de Meillet. Pour ce faire, il révèle les étapes par quoi s'est constituée la grammaire historique, la façon dont un savant a réagi devant les transformations sociales de son temps et, enfin, les relations entre celui-ci et la linguistique.

Pierre Swiggers («La mort d'Antoine Meillet», p. 137–146) commente deux lettres sur la mort de Meillet, qui éclaircissent des aspects de sa vie, de sa carrière et/ou de son œuvre. Ces lettres sont conservés dans les archives du linguiste jésuite Jacques (Jacobus Joannes Antonius) van Ginneken, qui se trouvent à l'Université de Nimègue.

Charles de Lambarterie («La place de l'arménien dans la vie et l'oeuvre d'Antoine Meillet», p. 147–189) fait ressortir la situation des études arméniennes au moment où Meillet a entrepris sa carrière scientifique, le parcours de sa formation ainsi que le profil et la méthode de son œuvre.




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Georges-Jean Pinault («L'indo-iranien et les nouvelles langues apparues en Asie Centrale dans le travail d'Antoine Meillet», p. 191–243) met en valeur les modifications que Meillet a pu apporter dans le domaine de l'indo-européen grâce à la restitution d'«une véritable histoire des langues considérées comme des systèmes, et non plus des assemblages de reflets d'une proto-langue» (p. 192). D'autre part, son apport à l'indo-européen fut mis en évidence par le fait qu'il fut l'un des premiers linguistes à étudier les nouvelles langues indo-européennes de l'Asie Centrale et à les intégrer dans la recheche comparative.

Jack Feuillet («Meillet et la grammaire comparée des langues slaves et germaniques», p. 245–264) se propose de faire un survol sur la phonologie et la morphologie des langues slaves et germaniques. Cela lui permet de faire des considérations générales sur les ressemblances et les différences qu'entretiennent les deux groupes ainsi que sur leur place dans le système indo-européen.

Daniel Petit («Le comparatisme et les langues classiques: d'Antoine Meillet à aujourd'hui», p. 265–289) s'assigne comme tâche de placer l'œuvre de Meillet sur le grec et le latin à la lumière des développements réalisés depuis sa mort en linguistique historique et comparative. L'exposé est fondé, d'une part, sur l'évolution de la position dialectale des langues classiques dans le groupe indo-européen et, d'autre part, sur leur développement historique. A cela s'ajoute la description des faits linguistiques, notamment dans le domaine de la phonétique et de la morphologie.

Stefan Zimmer («Des langues à une culture?», p. 291–309) s'intéresse à la nature et l'ordre d'une culture indo-europénne, matérielle et intellectuelle.

L'ouvrage se clôt par la bibliographie des travaux d'Antoine Meillet établie par Emile Benveniste, qui fut par la suite corrigée et augmentée par Pierre Swiggers.

En conclusion, il s'agit d'un ouvrage qui propose une analyse approfondie de l'œuvre d'Antoine Meillet, qui fut le maître de l'école française de linguistique. Les auteurs parviennent à concilier sa biographie à ses recherches dans le domaine de la linguistique historique et comparative.