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Hélène Perdicoyianni-Paléologou (Boston)



Philippe Mudry (2006): Medecina, soror philosophiae. Regards sur la littérature et les textes médicaux antiques (1975–2005). Réunis et édités par Brigitte Maire. Préface de Jackie Pigeaud. Lausanne: Éditions Bibliothèque d'Histoire de la Médecine et de la Santé.



Dans sa brève présentation de l'ouvrage, Brigitte Maire exprime sa profonde reconnaisance à l'égard de Philippe Mudry, à qui elle doit sa formation et son intérêt pour l'étude des textes médicaux. Après avoir tracé succinctement le parcours de sa vie, de sa carrière et de sa contribution dans le domaine de la médecine ancienne, l'éditrice fait l'esquisse du présent volume qui rassemble la plupart des articles écrits par Ph. Mudry et qui sont édités selon un ordre chronologique inverse. En raison de la variété de leur contenu, un classement thématique s'est avéré difficile à mener.

À la présentation fait suite la préface écrite par Jackie Pigeaud, qui met l'accent sur la personnalité de Ph. Mudry et sa formation scientifique, médicale et philologique.

Les études recueillies sont les suivantes:

1. "Du cœur à la misercorde. Un parcours antique entre médecine et philologie", (1–8).

Cet article est consacré à l'acception affective et physique de misericordia figurant dans la préface du traité sur les médicaments de Scribonius Largus Compositiones et dans le dernier livre des Métamorphoses d'Apulée.

2. "Pour une rhétorique de la description des maladies. L'exemple de La Médecine de Celse", (9–18).

L'étude de la mise en forme du discours médical sur les maladies est fondée sur la technique de la description de chacune d'elles, aux procédés stylistiques déployés par Celse dans ses séquences démonstratives et, enfin, aux aspects de l'expressivité de l'émotion.

3. "La peau dans tous ses états, fards et peinture à Rome", (19–29)

L'Auteur cherche à dégager, d'une part, les modèles reconnus en matière de beauté du visage féminin à Rome et, d'autre part, leur influence sur le maquillage de la femme. Son étude est cernée autour du teint du visage, la description du teint de Vénus d'Apelle, l'art du maquillage ainsi que la variété des préparations cosmétiques à disposition de la femme romaine.




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4. "Mirabilia et magica. Essai de définition dans l'Histoire Naturelle de Pline l'Ancien", (31–41).

À l'appui des livres XXIV à XXVI de l'Histoire Naturelle, l'Auteur tente de fournir la définition du magique et de faire ressortir l'efficacité des plantes dites magiques ainsi que la distinction entre le mereveilleux ordinaire et le merveilleux extraordinaire.

5. "Non pueri sicut viri? Petit aperçu de pédiatrie romaine", (43–50).

Ce travail traite de la pédiatrie dans l'Antiquité grecque et romaine à la lumière du traité De Medicina de Celse. Précisément, l'Auteur s'attache à montrer la différentiation dans le traitement des enfants par rapport aux adultes, l'aspect spécifique des affections des enfants ainsi que la spécialisation des médecins en maladies infantiles.

6. "Le chou de Pythagore : présence des modèles grecs dans le De Agricultura de Caton", (51–65).

Cet article fait état de la médecine du chou ou bien de la medicina brassicae, recommandée et illustrée par Caton. Après avoir étudié l'influence de la culture grecque sur le philosophe romain, l'Auteur retrace les grandes lignes du chapitre consacré au chou et à ses propriétés médicinales (De Agricultura 157, 1). Cela lui permet de dégager, d'une part, la présence des doctrines grecques dans la nature du chou et, d'autre part, l'origine de la médecine du chou.

7. "La Matrone d'Ephèse et ses traductions", (67–76).

Ce travail se limite à la présentation de quelques réflexions inspirées par la lecture des versions françaises de Pétrone. Celles-ci datent du XVIIème siècle au XXIème siècle. Les remarques faites par l'Auteur concernent l'originalité et l'intervention personnelle du traducteur dans le texte.

8. "Sol Medicus: Thérapies du soleil et de la lumière chez les médecins anciens grecs et romains", (77–86).

L'Auteur se propose de mettre en relief, à la base du traité De la médecine de Celse, le rôle du soleil comme hygiène de vie dans le domaine de la diététique pour bien-portants et dans celui de la thérapeutique.

9. "Le regard souverain ou la médecine de l'évidence", (87–94).

Dans un premier temps, l'Auteur étudie les raisons principales de la part d'incertitude qui affecte la médecine, considérée comme un "art conjectural", et qui est toujours présente à un degré ou à un autre aussi bien chez les auteurs que dans les différentes écoles de pensée. Ensuite, il traite de la médecine méthodique, qui est fondée sur le visible et le regard qui enregistre ce visible.




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10. "De la vulgarism la Tehnicismul mediical. Câteva observation despre mandere si manducare (Caelius Aurelianus chron. 3, 88", (95–100).

L'Auteur s'efforce de définir les applications de sens et les domaines d'emplois des verbes mandere et manducare dans le traité De la médecine de Celse.

11. "Le jeu de la nature et du hasard: la construction du savoir médical dans le traité de Celse", (100–108).

Ce travail est consacré à l'originalité de la réflexion de Celse sur le rôle du hasard dans la construction du savoir médical et de la sorte sur les raisons de l'incertitude médicale, qui ne permet au médecin d'être sûr de l'efficacité des remèdes qu'il prescrit ni de l'issue de de l'affection.

12. "Mirko Grmek, Medicus amicus professorque", (109–110).

Il s'agit de l'allocution prononcée au cours de la cérémonie d'hommage et de souvenir à l'Université de Lausanne en l'honneur de Mirko Grmek, dont la contribution dans les domaines de la philologie, de la médecine et de l'histoire furent d'une immense importance.

13. "Langue vulgaire ou langue technique: le cas de manducare chez les médecins latins", (111–116).

En prenant comme point de départ le sens de "manger" auquel s'est prêté le verbe manducare dans la langue vulgaire dès l'époque d'Auguste, l'Auteur s'attache à définir ses emplois chez les auteurs médicaux.

14. "L'ellébore ou la victoire de la littérature (Pline, Nat. 25-47-61)", (117–123).

L'Auteur montre que le chapitre consacré à l'ellébore est composé au moyen des modes de la mise en forme attentive des informations qui dérivent de Théophraste et de Dioscoride. Cette mise en forme est fondée sur le même principe organisateur qui ordonne le monde.

15. "Caelius écrivain. Essai d'évaluation d'un style", (125–137).

Cette étude met en évidence la façon dont Caelius est parvenu à concilier la matière technique de ses traités sur les maladies et leurs thérapeutiques avec les règles d'une doctrine esthétique qui, au premier abord, paraissait plus appropriée aux fantaisies débridées d'Apulée.

16. "Celso e la medicina nel mondo greco-romano", (139–150).

L'Auteur donne un bref aperçu de la théorie de Celse selon lequel la médecine grecque est fondée sur la distinction établies par les philosophes entre les phénomènes religieux des phénomènes naturels.




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17. "Le médecin dans l'antiquité grecque et romaine", (151–178).

L'Auteur fait l'esquisse de l'histoire des médecins grecs et romains. En partant des soldats-médecins d'Homère, dont la vraie compétence médicale n'est pas mise en doute, il aborde la médecine dispensée par les philosophes-médecins qui considèrent la parole comme un procédé de guérison efficace. Ensuite, il met l'accent sur la naissance de la profession médicale, dont les diverses doctrines physiologiques, pathologiques ou étiologiques sont fournies par le Corpus hippocratique. Puis, il traite de la formation du médecin et des écoles médicales pendant l'époque classique ainsi que du statut et de la fonction du médecin public, qui apparaît pour la première fois en 220 av. J.-C. à Gortyn. Dans l'étape suivante de son travail, il examine le rôle du médecin de famille (medicus amicus) dans la Rome impériale du Ier siècle apr. J.-C. L'Auteur achève cette brève esquisse des aspects de l'exercice du métier de médecin dans le monde gréco-romain par l'étude de la médecine alexandrine qui se situe entre spéculation et empirisme, celle du développement de l'anatomie et des spécialités des chirurgiens ainsi que par le tracé de l'arrivée des médecins grecs à Rome.

18. "Caelius Aurelianus ou l'anti-romain: un aspect particulier du traité des Maladies aiguës et des Maladies Chroniques", (179–192).

L'Auteur se propose de montrer que le traité des Maladies aiguës et des Maladies Chroniques se distingue aussi bien des auteurs médicaux latins, qui sont leurs contemportains, tels Marcellus et Théodore Priscien, mais aussi de ceux qui appartiennent au Ier s. apr. J.-C., comme Celse et Scribonius Largus.

19. "La retorica della salute e della malattia: osservazioni sul lessico latino della medicina", (193–205).

L'objectif de cette étude est de dégager les sens concrets différents que peuvent assumer chez Celse les adjectifs sanus, firmus, imbecillus, ualens, les expressions du type secunda ualetudo e aduersa ualetudo, en particulier en rapport sémantique avec le substantif sanitas, et, enfin, les substantifs renvoyant à la notion de maladie, tels morbus, uitium, offensa, noxa.

20. "Éthique et médecine à Rome: la préface de Scribonius Largus ou l'affirmation d'une singularité", (207–230).

L'Auteur s'interroge sur l'originalité de l'éthique médicale romaine. Précisément, il s'efforce de répondre à la question si les règles éthiques formulées dans la Collection hippocratique ont pu exercer une influence sur les ouvrages médicaux latins ou bien si la conception de la profession médicale romaine présente une singularité dans la façon d'envisager et de définir les rapports du médecin avec son art et ses patients.

21. "Vivre à Rome ou le mal dùêtre citadin: réflexions sur la ville antique comme espace pathogène", (231–242).

Ce travail est consacré aux nuisances de la vie urbaine qui contribuent à créer un genre de vie malsain. Ce concept nouveau surgit à Rome pendant l'époque impériale et apparaît, pour la première fois, dans le traité De Medicina de Celse.




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22. "Le traitement de l'ascite: une controverse médicale?", (243–245).

Loin de reprendre les théories sur l'éfficacité et les bénéfices de la paracentèse, qui ont été établies durant les années 1950-1960, l'Auteur se borne à citer un bref texte de deux paragraphes tiré du traité De Medecina de Celse. En effet, ce texte, qui représente la première et la plus complète attestation du traitement de l'ascite par paracentèse, pose des questions auxquelles la médecine moderne donne des réponses, plus ou moins concrètes.

23. "Éléments pour une reconsidération de la langue et du style de Celse", (247–256).

L'Auteur aborde les divers aspects du vulgarisme d'apparence chez Celse. En effet, son langage est influencé par le grec aussi bien dans le domaine de la syntaxe et du style que dans celui du lexique.

24. "Les médecins et professeurs d'Avenches (CIL XIII 5079)", (257–268).

L'Auteur étudie l'expression medici et professores incisée dans l'inscription CIL XIII 5079 ainsi que les rapports qui unissent les deux dédicataires, Quintus Postumius Hyginus et Postumius Hermes, avec les catégories professionnelles ainsi indiquées.

25. "Pourquoi l'histoire de la médecine?", (269–275).

Après avoir brièvement esquissé les rapports entre médecine et société, l'Auteur met l'accent sur l'interdépendance de ces deux réalités. Ceci justifie le fait que l'histoire de la médecine n'est pas envisageable sans l'histoire de la société qui n'est pas, à son tour, concevable sans l'histoire des médecins.

26. "La flèche et la cible ou la savoir incertain. Réflexions sur le hasard et le temps dans la pratique des médecins anciens", (277–286).

Après avoir discuté l'incertitude et du hasard qui sont inhérents à la médecine, l'Auteur met en évidence les efforts des médecins de réduire l'intervention de la conjecture, source d'erreur et d'indécision. Cela entraînera l'infaillibilité des médecins lors du constat des affections.

27. "La renaissance des études classiques en Russie. Le gymnase classique de Saint-Petersbourg", (287–293).

L'Auteur raconte son expérience d'un cours du grec auquel il a assisté à l'occasion de sa visite à Saint-Petersbourg en 1991.

28. "Maladies graves et malades mortelles. Présence et évolution d'une notion hippocratique chez les auteurs médicaux latins et en particulier Celse", (295–305).

L'objectif de cette étude est de relever les différentes approches lexicales, sur le plan historique et diachronique, dans l'appréciation du caractère grave et mortel d'une affection ou d'une blessure chez Celse et dans le Corpus hippocraticum.

29. "Le De Medicina de Celse. Rapport bibliographique", (307–316).

L'Auteur procède à l'établissement de la bibliographie du De Medicina de Celse en distinguant des rubriques précédées chacune d'une brève introduction. Ces rubriques concernent les éditions, traductions et commentaires du traité, la tradition manuscrite et critique de texte, le Toletanus, l'homme et l'œuvre, la pratique médicale et, enfin, la langue et le style.




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30. "L'orientation doctrinale du De Medicina de Celse", (317–332).

L'Auteur s'intéresse à définir l'orientation doctrinale cohérente du traité De la Médecine de Celse à la lumière de ses sources ou de ses modèles. Après avoir présenté le débat théorique sur l'art médical et la notion des communautés, qui constituent la Préface, l'Auteur cherche à expliquer la position de Celse qui, tout en acceptant la notion des communautés, condamne la définition qu'en donnent les Méthodiques et l'usage qu'ils en font. Pour ce faire, il s'interroge sur l'influence qu'ont pu excercer sur Celse les médecins Thessalos, Thémison et Asclépiade.

31. "Histoire de la médecine : pourquoi parler des origines?", (333–344).

L'Auteur tente d'illustrer l'apport historique des œuvres des médecins de l'Antiquité greco-romaine, tels Hippocrate, Celse et Galien, sur la médecine moderne et contemporaine. Dans un premier temps, il retrace les grandes lignes des révolutions scientifiques et de l'histoire positiviste. Ensuite, il met en évidence l'aspect rationnel de la médecine grecque, auquel s'oppose la symbiose harmonieuse entre médecine scientifique et médecine religieuse à Rome. Enfin, il élucide l'union étroite entre la médecine et la philosophie qui a existé dans l'Antiquité. Ces trois étapes d'argumentation amène l'A. à montrer que "la conscience du passé peut éclairer le réflexion sur le présent et l'enrichir en lui assurant la profondeur du regard historique" (342).

32. "Le médecin félon et l'énigme de la potion sacrée (Apulée, Mét. 10, 25", (345–352).

L'Auteur interprète, par le biais d'une approche lexicale, la formule Accerimaeque bilis noxio furore perfusus contenu dans le v. 25 du livre 10 des Métamorphoses d'Apulée. À son sens, la maladie morbide qui a affecté le jeune homme est la mélancolie, qui se manifeste par un état d'abattement et même de langueur.

33. "Le rêve de Pompée ou le temps aboli: Lucain, Pharsale 7, 1-44", (353–361).

Ce travail vise à faire ressortir la fonction prémonitoire de la séquence onirique sur laquelle s'ouvre le septième livre de Pharsale. En effet, par l'établissement du rêve au début du livre, Lucain présage le destin de Pompée, qui, à la suite de sa défaite et de sa fuite, devient "le symbole de la République et de la félicité perdues" (360).

34. "Saisons et maladies. Essai sur la constitution d'une langue médicale à Rome (Étude comparée de passages parallèles de Celse (2, 1, 6–9) et d'Hippocrate (Aphorismes 3, 20–23", (363–373).

L'examen des procédés déployés par Celse dans la composition et la rédaction du De Medicina permet à l'A. de mettre en évidence, d'une part, sa perspective utilitaire et, d'autre part, la réélaboration esthétique de la matière médicale grecque, qui en constitue l'arrière-plan. Cette approche de la forme fait montrer le caractère original de l'ouvrage au point de vue stylistique.




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35. "Le scéptisme des médecins empiriques dans le traité De la Médecine de Celse: modèles et modalités", (375–385).

L'Auteur s'applique à confirmer, au moyen de la doctrine empirique que Celse présente dans la préface de son traité, la convergence entre Nouvelle Académie et empirisme médical, tel qu'il apparaît dans les Hypotyposes (I, 236) de Sextus. Dans son intention de déterminer et d'apprécier les élements que Celse a empruntés à la philosophie sceptique, l'Auteur focalise son étude sur la partie négative de sa théorie, celle qui "réunit les arguments antidogmatiques des médecins empiriques" (377).

36. "Médecine et vulgarisation: remarques sur le problème de la vulgarisation médicale dans l'Antiquité", (387–396).

Cet article est voué à l'étude de la vulgarisation de la médecine dans l'Antiquité greco-romaine. En effet, le premier témoignage de la littérature médicale de vulgarisation se retrouve dans le traité des Affections d'Hippocrate. La littérature médicale alexandrine n'en nous fournit que peu de renseignements en raison de la disparition quasi totale des ouvrages médicaux. Pourtant, les fragments qui nous sont parvenus des traités d'Oribase et d'Athénée d'Attalie montrent que tous deux souhaitaient la diffusion de la médecine dans le public. Sur le modèle d'Athénée d'Attalie, Celse a décidé de rédiger son Traité de Médecine sous la forme d'une partie de son encyclopédie. En l'occurrence, il fut le premier à promouvoir la vulgarisation scientifique.

37. "Réflexions sur la médecine romaine", (397–408).

À la lumière des textes majeurs de la médecine antique, tels le traité de De la médecine de Celse et celui des Maladies aiguës et des Maladies chroniques de Caelius Aurelianus, l'Auteur fait ressortir l'existence d'une médecine romaine à proprement parler. En effet, l'attitude des Romains envers la science grecque montre qu'ils ne se sont pas contentés d'accueillir ses principes et de les mettre en pratique inconditionnellement mais, bien au contraire, qu'ils se sont interrogés sur tous ses aspects et ses manifestations.

38. "Le moineau de Lesbie ou Haldas traducteur de Catulle", (411–416).

L'Auteur se livre à un examen détaillé de la traduction du court poème de Catulle évoquant la mort du moineau telle qu'elle a été effectuée par Georges Haldas en 1954. À l'appui de remarques stylistiques et sémantiques, l'A. fait entrevoir le jugement de valeur que le traducteur porte sur la poésie érotique et néotérique de Catulle.

39. "Malade et dévot d'Asclépios: l'autobiographie d'Aelius Aristide", (417–427).

Cette étude est destinée à la description des souffrances physiques et morales qu'a éprouvées le rhéteur Aelius Aristide depuis l'irruption de la maladie dans son organisme jusqu'à la guérison. En effet, les Discours sacrés, qu'il a rédigés pendant les dix années que sa maladie a duré, sont une source précieuse pour la bonne connaissance des prescriptions d'Asclépios, dont il fut un dévot, ainsi que des traitements prescrits par les médecins.




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40. "Quelques aspects de la formation du médecin dans l'Antiquité classique", (429–440).

Après avoir fait l'esquisse sommaire du cadre matériel de l'apprentissage de la médecine dans l'Antiquité, l'Auteur élucide le contenu de cette science en s'appuyant, d'une part, sur le rapport de la médecine et de la philosophie et, d'autre part, sur les moyens qui sont mis en œuvre pour l'étude de l'anatomie.

41. "La déontologie médicale dans l'Antiquité grecque et romaine: mythe et réalité", (441–449).

À travers les traités de la Collection hippocratique, l'Auteur cherche à déceler l'éthique médicale qui s'inscrit dans la pratique quotidienne. En effet, le médecin hippocratique est considéré comme "le serviteur de son art" (443), plein d'humanité, de compassion et de miséricorde. Ces sentiments sont à la base de la déontologie de la médecine ancienne.

42. "Science et conscience. Réflexions sur le discours scientifique à Rome", (451–459).

Dans un premier temps, l'Auteur fait ressortir l'avantage que les Romains ont pu tirer de la science grecque ainsi que la manière dont ils ont approfondi et perfectionné les techniques transmises. Ensuite, il met l'accent sur l'aspect vulgarisateur du discours scientifique romain, qui se définit comme "un exposé compétent et critique des doctrines scientifiques grecques" (454). Cet aspect va de pair avec la valeur morale, qui est à la source de la science romaine.

43. "Le 1er libre de La Médecine de Celse. Tradition et nouveauté", (461–466).

L'Auteur se tâche de savoir si la répartition des individus en bonne santé et à la santé fragile, telle qu'elle apparaît dans le 1er livre de La Medecina, est empruntée aux traités diététiques grecs. Pour ce faire, il cherche, d'abord, à déterminer les orientations de l'ouvrage et, ensuite, à distinguer ce qui relève de la tradition et ce qui en fait une nouveauté absolue.

44. "Médecins spécialistes. Le problème de l'unité de la médecine à Rome au Ier siècle apr. J.-C.", (467–472).

Cette étude est consacrée à la distribution de la profession médicale en trois parties constitutives: diététique, pharmaceutique et chirurgie. Cette division, héritée de l'époque alexandrine, est manifeste dans les ouvrages de Celse et de Scribonius Largus. L'ensemble de ces trois spécialités constitue l'unité de la médecine qui pouvait se trouver concrètement réalisée dans un seul médecin à Rome sous l'Empire.

45. "Épigones et novateurs : les séductions de la pensée médicale posthippocratique", (473–477).

Le manque d'études sur la médecine hellénistique amène l'Auteur à indiquer le caractère indispensable d'une édition critique des fragments des médecins qui ont vécu dans les siècles qui séparent Hippocrate de Galien.

46. "Medicus amicus. Un trait romain dans la médecine antique", (479–482).

L'accent est mis sur l'originalité de la pensée de Celse qui considère que les liens d'amitié entre le médecin et son malade rend plus efficace la thérapeutique. Ce jugement n'est que le résultat de la longue réfutation du méthodisme que Celse a développé.




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47. "Sur l'étiologie des maladies attribuée à Hippocrate par Celse, De Medecina, Préf. 15", (483–489).

Ce travail traite de l'attribution à Hippocrate d'une étiologie des maladies fondée sur l'air, telle qu'elle a été fournie par Ménon et Celse. Selon l'Auteur, la formule de Celse omne uitium in spiritu, qu'il accorde à Hippocrate, représente un solide principe médical propre à l'école de Cos à l'époque alexandrine et qui serait déjà présent au Vème s.

48. "La place d'Hippocrate dans la préface du De Medicina de Celse", (491–497).

L'Auteur justifie le rôle primordial que Celse prête à Hippocrate dans l'histoire de médicine. En effet, celui-ci fut le premier à détacher la médecine de la philosophie et de la sorte à rendre la médecine une science indépendante.

49. "Une vue empirique de la médecine: Polybe, Histoires 12, 25D", (499–504).

L'Auteur se propose d'éclaircir la division de la médecine établie par Polybe, qui en distingue trois parties, à savoir la médecine théorique ou logique, la diététique, ainsi que la pharmaceutique et la chirurgie. Ce dernier groupe représente la médecine empirique qui est aux antipodes de la médecine théorique, à laquelle il reproche le manque de certitude objective et de la sorte son apparence trompeuse.

50. "Identité nationale et métissage culturel: l'exemple de Rome", (505–516).

L'Auteur tente d'élucider, par une brève esquisse de l'histoire littéraire romaine, les raisons et les conditions qui furent à l'origine du croisement culturel entre Rome et la Grèce, entre vainquer et vaincu.

L'ouvrage se termine par une liste des ouvrages de Philippe Mudry et des indices des auteurs et passages cités, des termes latins et grecs faisant l'objet d'observations lexicologiques particulières et des matières.

En conclusion, il s'agit d'un recueil des divers contributions que Philippe Mudry, en tant que philologue, littéraire et historien, a apportées au domaine de la médecine ancienne, grecque et romaine. Le large éventail de ses recherches embrassent une variété de textes qui va d'Hippocrate à Galien, en passant par Celse ainsi que d'autres figures éminents de la médecine ancienne. Dans le développement de l'histoire de la médecine, les travaux de Philippe Mudry occupe une place considérable par leur originalité incontestable de sa pensée et l'élégance de ses méthodes. En effet, il fut le premier à brosser la figure du médecin-ami, sa relation avec le patient, à dégager la morale médicale et ses divers aspects et, enfin, à rapprocher certains problèmes de la médecine ancienne de ceux de la médecine moderne.